Il est bien évident que l'Alaska et les Esquimaux ne sont plus ce qu'ils étaient. Bien sûr le pays est toujours là, tout en haut de l'Amérique, presque au pôle.
Bien sûr, le pays est toujours aussi froid, les glaciers et les neiges semblent éternels et la mer devient toujours un champ de glace en hiver et dans le nord la terre ne dégèle jamais.
Bien sûr le printemps ramène toujours la vie sur la toundra, éternellement l'herbe repousse, les fleurs reviennent, les animaux mettent bas leurs petits et tout peut paraître normal.
Mais tout le reste a changé, le pays n'est plus seulement peuplé d'une poignée d’Esquimaux vêtus d'épaisses vestes en fourrure, chassant le phoque sur les banquises, vivant dans des igloos, pêchant à partir de leurs canoës de peau ou s’élançant derrière leurs traîneaux tirés par des chiens à demi sauvages.
Depuis longtemps le pays a était envahi par une multitude d'hommes blancs, venus a la recherche de l'or, du pétrole, des grands espaces et des immenses forêts et autres richesses naturelles.
Depuis longtemps l'esquimau a était repoussé, parqué dans des réserves, logé dans des maisons de bois, transformé par le monstre de la civilisation, dépouillé de ses traditions et lentement disparaît.
Mais pourtant quelque part dans le nord du pays, tout la haut au pays des nuits sans fin et des jours interminables, au pays du soleil de minuit et des aurores boréales, un vieil homme essaye encore de garder les vieilles traditions, d'enseigner, de raconter quelques vieilles légendes qui venant de la nuit des temps ont survécus jusqu'à nous .
Bien sûr ce vieil homme n’a pas toujours était vieux, au milieu du siècle dernier, il y a bien longtemps, il a été jeune la tête pleine d’idées, pleines de rêves et d’espoirs, et souvent il aime a se souvenir de son enfance et de sa jeunesse. Il aime se souvenir et raconter comment et quand fut planté l’arbre des légendes.
En ce temps-là, l’homme blanc n’avait pas encore envahi la plus grande partie du territoire. L’esquimau vivait encore plus ou moins à sa manière ancestrale, le gibier et le poisson étaient encore abondants et ne fuyaient pas devant le bruit des machines.
Le vieil homme avait été un enfant et un jeune homme comme tant d’autres et en cet été lointain, avec tous ses camarades de la tribu il attendait avec impatience la venue du solstice d’été, qui verrait la journée la plus longue de l’année, une journée sans nuit et qui ne finit que pour recommencer aussitôt.
Conformément aux vieilles traditions cette nuit-là toute la tribu se rassemblerait sur la plage. Face à la mer finalement dégelée, un feu immense serait allumé, les meilleurs poissons et la meilleure viande seraient servis. Les anciens raconteraient les vieilles légendes et ensemble on chanterait et on danserait jusqu’à épuisement.
Donc en prévision de cette nuit de fête, tous les jeunes gens de la tribu allaient chaque jour sur la plage a la recherche de l’indispensable bois qui servirait a faire ce feu gigantesque, car ici, si haut dans le nord aucun arbre ne poussait. La seule végétation était l’herbe maigre de la toundra qui nourrissait toute la faune nordique et le seul bois disponible était les rares morceaux déposés sur la plage par la mer et venue d’on ne sait où.
Cette année-là, la récolte avait été abondante et tous se réjouissait a l’avance en pensant a la taille gigantesque du brasier et a la chaleur et a la lumière qu’il allait répandre tout autour de lui. Mais quoi qu’il en soit, les jeunes étaient sortis une fois de plus sur la plage dans l’espoir de grossir encore le bucher.
Ils étaient une douzaine à marcher et a chercher, jeunes gens et jeunes filles, heureux de partager ce moment ensemble, heureux d’être jeunes et de vivre, heureux de respirer le vent et la mer. Leur attention fut soudain attirait par une ombre tout là-bas au ras de l’eau, ensemble ils s’approchèrent et découvrir un immense tronc branchu qui avait était déposé par la mer sur le sable la nuit d’avant. Aucun d’entre eux n’avait jamais vu pièce de bois de cette taille et même en unissant leur force il ne pouvait pas le bouger.
Les retournèrent au village, ameutant tous les hommes valides et ils revinrent tous sur la plage, rapidement avant que la mer ne puisse reprendre le tronc pour le déposer ailleurs et tous ensemble ils unirent leurs forces pour finalement trainer cet arbre énorme sans le découper. Il fut décidé de creuser un grand trou et de planter ce magnifique cadeau de la mer a la limite de la plage, la ou les marées n’avaient pas accès, et c’est ainsi que fut planté le premier arbre de la tribu, pas très loin du village et tout près de l’endroit où s’élevait déjà le grand bucher.
La nuit du solstice d’été, les anciens s’assirent tout autour de l’arbre et racontèrent à qui voulaient les entendre les vieilles légendes du pays des grands froids. Puis ce fut le banquet, les chansons et la danse toute la nuit, et depuis ce jour, la fête du solstice d’été a toujours été célébrée sous ce grand tronc branchu et sec depuis longtemps.
Depuis ce temps-là, lorsque le climat le permet il y a souvent prés de cet arbre un ancien attendant les enfants, prés a raconter une des vieilles histoires. Le vieil arbre est devenu un point de réunion à la belle saison et il est maintenant connu comme “l’arbre des légendes”
C’était il y a longtemps, très longtemps, mais depuis ce jour le vieil homme n’a jamais manqué une fête du solstice. Il a entendu sous cet arbre les multiples légendes qu’il a apprises et que maintenant il raconte aux enfants, aux jeunes, aux vieux et a qui veut bien l’écouter
Et c’est ainsi que par un soir de juin, après un magnifique couché de soleil qui ne se termina que pour être remplacé par une aurore aussi belle que la vie, autour d'un feu de bois gigantesque, face a une mer d'une beauté que nul ne saura jamais décrire, j’ai entendu les vieilles légendes du nord et la légende de l'étoile Polaire.
C’est la que j’ai découvert Na-Gah le mouflon, fille de Shinoh, qui fut transformé par son père en étoile, l’étoile Polaire que les Esquimaux appellent encore “Qui-Am-I WintokPoot See “
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