Le bout de la piste
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là, qui conquit la toison
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge,
Joachin du Bellay
Qui d'entre nous ne connait ce petit quatrain.
Il traîne dans ma mémoire depuis l'école primaire, combien de fois durant les quelques dernières quarante années, ces vers ont-ils résonnés dans ma tête pour être presque aussitôt oubliés, et revenir inlassablement les soirs de cafard.
Car bien sûr, il y a eu des
soirs de cafard et des soirs de nostalgie et de tristesse. Il est facile
d'imaginer que celui qui est allé a la recherche de l'aventure et du monde et a
enfin réalisé son rêve, vit en homme heureux et comblé. Heureux et comblé peut
être, mais la vie suit son cours et comme pour tout le monde il y a parfois des
jours ou rien ne va plus.
Et il est facile d'oublier qu’au
milieu de ces jours de voyages, de découvertes et d'excitement, il y a aussi les jours d'ennui, de problèmes, de bagarres et
de fatigues et aussi de nostalgie et d'envie de redevenir simplement le môme
qui courait la bas dans les champs du pays natal.
Tout comme un capitaine de
bateau, bien qu'amoureux de la mer, désire parfois tout simplement un retour a
terre, le voyageur lui aussi, un jour pense au retour a son port d'attache et a
la chance de revoir demain le même paysage qu'aujourd’hui.
La fatigue gagne le corps et
l'esprit, les désirs changent, la curiosité disparaît, les villes et les
paysages commencent à se ressembler tous, et un jour il semble qu'il n'y a plus
rien à découvrir.
Et si au fil des ans, dans
chacune de mes résidences multiples j'ai ressenti le besoin de planter des
arbres, et si au fil des ans j'ai abandonné ces endroits, sans m'inquiéter,
confident au fond de moi même que ces arbres pousseraient et deviendrais
grands, il vient un moment ou simplement apparaît le besoin de voir grandir ces
arbres, de voir une graine devenir
plante et changer le paysage.
Car un jour vient le temps de ranger son sac de voyage, et puis de retourner, plein d’usage et raison vivre entre ses parents le reste de son âge.
Un jour vient le temps de trouver le bout de la piste
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